Stylo-Plume
Prendre un stylo plume. Le faire glisser sur la feuille. Et coucher les mots sur le papier.
Écrire, c'est voyager. Dans l'espace et dans le temps.
Le texte que tu es en train de lire sur l'écran de ton téléphone, de ton ordinateur ou de ta tablette a préalablement été rédigé à la main, ici à Hong Kong. Au stylo-plume. Quand as-tu écrit un texte au stylo-plume pour la dernière fois?
Depuis près de douze ans, mon activité d'écriture ne se fait exclusivement que de manière digitale. Enfin presque. Email, SMS, Whatsapp, document Word, application de prise de notes. Les options sont multiples et couvrent les différents besoins de la vie quotidienne personnelle et professionnelle.
Bien sûr, je prends toujours quelques notes à la main - tellement old school pour les générations plus jeunes. Tous les ans, j'envoie également quelques lettres, mais rarement. Au-delà de ça, rien. Quand je me remets à écrire, une demie page sur un format A5 et les muscles de ma main commencent déjà à hurler. Mon corps n'est plus habitué.
Il y a vingt ans, je suis entré en classes préparatoires. Vingt ans! À cette époque, écrire à la main faisait partie de mon quotidien. Dissertations de philo et d'histoire-géo. Commentaires de texte en Français. Ou en langues étrangères qui ressemblaient vaguement à de l'Anglais ou de l'Allemand, tant la qualité grammaticale et la richesse lexicale étaient pauvres. Chaque devoir surveillé demandait de gratter entre deux et quatre copies-doubles pour répondre aux consignes de l'examen. J'en garde le souvenir d'un temps unique de réflexion et d'écriture, qui durait la plupart du temps entre deux et quatre heures. Une occasion en or de prendre le temps de faire fonctionner son cerveau. De produire un raisonnement logique et riche pour arriver à une démonstration. Une activité qui nous est trop souvent épargnée dans le monde d'applications digitales dans lequel nous vivons aujourd'hui. Scroll down, double tap, swipe left, autoplay...
Je remonte encore un peu dans le temps. Quand je suis rentré en sixième - était-ce en sixième? - j'ai reçu de mes parents un stylo-plume. Que représentait-il à l'époque pour moi? Certainement un moyen comme un autre de faire mes devoirs. Et une solution utile aux erreurs, grâce à l'irremplaçable effaceur qui l'accompagnait toujours.
Plus de vingt-cinq ans plus tard, la sensation de la plume qui glisse sur le papier et donne forme aux idées les plus farfelues m'a manqué. J'ai racheté un stylo-plume - l'original s'étant temporairement égaré dans les méandres de multiples déménagements. Et j'ai recommencé à faire glisser les mots sur les pages. Agréable sensation. Jusqu'à ce que cela commence à tirer dans les muscles de la main.
Encore un peu avant la sixième, quand j'ai appris à écrire, j'ai rapidement commencé à coucher des histoires sur papier. Je garde notamment un souvenir de l'une d'entre elles qui avait été rédigée au crayon-papier sur des feuilles d'imprimante en format A4 et scotchées entre elles verticalement. L'histoire mettait en scène un certain nombre d'animaux. L'apparition de chaque nouvel animal dans l'histoire lui donnait également le droit de faire partie du titre de la courte nouvelle. Le résultat final de ce titre devait ressemblait à quelque chose de ce genre:
L'histoire du chien, et de la vache, et de la poule, et du renard, et de l'ours, et du chat, et du loup, et du lapin, et de l'oiseau, et de la fourmi...
Une véritable basse-cour.
En y repensant, c'est certainement l'un de mes plus vieux souvenirs d'enfance. L'écriture. Les histoires.
Et aujourd'hui, je me demande si l'Écriture ne va pas disparaître. Pas les mots, non, mais l'activité d'écrire à la main. Nous sommes à l'aube d'une époque où l'intelligence artificielle va de plus en plus se charger d'écrire des textes dictés par la voix. Et dans les écoles que nous visitons pour scolariser notre fils en primaire, il semble qu'apprendre à écrire devient un privilège incertain, à l'heure où tablettes et ordinateurs sont mis à la disposition des enfants.
Alors en 2025, j'ai décidé de recommencer. De repartir de cette page blanche et de ce stylo-plume. De faire glisser les idées sur le papier. Et c'est ainsi qu'est né Un Grain de Plume. Merci de faire partie de cette aventure littéraire et à bientôt pour de nouvelles histoires.
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